Bruxelles, bien qu'elle connaisse les mêmes problèmes que les autres grandes villes d’Europe occidentale, semble affligée d’un handicap -institutionnel- dont elle est seule à souffrir… Dans un article émanant de l'Aula Magna, les auteurs du livre "Demain Bruxsels : une vision pour libérer notre ville", présentent leur analyse de la situation bruxelloise ainsi que des propositions de réformes.
L'idée avancée dans cet article est que "la vision bruxelloise actuelle" qui sous-tend bon nombre d’institutions bruxelloises, répartit les Bruxellois.es en deux "tribus"; chacune dotée de ses propres réseaux, médias, institutions culturelles et partis politiques qu’elle partage avec une des Régions voisines. De cette vision, on attend des Bruxellois.es qu’ils s’assimilent à l’une ou à l’autre. Mais, le séisme démographique se passant à Bruxelles depuis le début 2000, a pulvérisé la plausibilité de cette vision : la population bruxelloise étant exceptionnellement diverse et fluide, la bipartition institutionnelle des Bruxellois.es semble ainsi de plus en plus déconnectée de la réalité. L'alternative ? Construire ensemble un peuple bruxellois.
Il semble donc important aujourd’hui d’infléchir nos institutions, de manière à renforcer une dynamique associant des Bruxellois.es de toutes origines, et ainsi permettre à notre ville d’affronter plus efficacement les défis auxquels elle est confrontée.
Dans l'article, cela implique -par exemple- de fusionner les communes bruxelloises en une commune unique coïncidant avec la Région de Bruxelles-Capitale, dotée d’un bourgmestre-président, d’un CPAS, d’une force de police, d’un réseau d’écoles communales et d’un hôtel de ville pour toutes les Bruxelloises et tous les Bruxellois. Autre proposition ; que le droit de vote régional puisse être étendu à toute la population de la Ville-Région, qui pourra du même coup se délivrer du cadre des deux collèges électoraux distincts et ainsi permettre des listes multilingues, favoriser la formation de véritables partis bruxellois et rendre chaque ministre régional responsable devant l’ensemble de la population. Il faudrait aussi, selon l'article, confier à la Ville-Région l’exercice des compétences communautaires sur son territoire, tout particulièrement l’enseignement obligatoire, afin qu’elle puisse équiper les élèves bruxellois de compétences, en particulier linguistiques.
Ces réformes institutionnelles sont indispensables pour nous débarrasser du handicap de structures obsolètes.
Rappelez-vous, à l’approche des élections fédérales de 2007, dix mille Bruxellois ont signé un appel intitulé « Nous existons ! Wij bestaan ! We exist ! ». Dans la foulée, les États généraux de Bruxelles ont rassemblé des centaines de chercheurs et d’acteurs afin d'établir un état des lieux et tracer les contours d’un nouveau projet pour Bruxelles. Pourquoi pas recommencer, et construire chaque jour un peu mieux le peuple dont la ville de Bruxelles a besoin ?
Construire ensemble le peuple de bruxelles, Aula Magna, plus.lesoir.be, 22/01/19 (Le Soir Plus) >>>
Un événement est organisé le 4 février >>> à la Tentation afin de présente l'ouvrage "Demain Bruxsels : une vision pour libérer notre ville"; un bilan avec recommandations positives pour l’avenir d'une ville cosmopolite du futur dénommée Bruxsels.
* Les auteurs : Eric Corijn, Alain Deneef, Myriam Gérard, Henri Goldman, Michel Hubert, Alain Maskens, Yvan Vandenbergh, Philippe Van Parijs et Fatima Zibouh.